époumoner

époumoner

époumoner (s') [ epumɔne ] v. pron. <conjug. : 1>
• 1725; de é- et poumon
Parler, crier très fort, au point de s'essouffler. « je chantais sous la fenêtre qui avait le plus d'apparence, fort surpris, après m'être longtemps époumoné, de ne voir paraître ni dames ni demoiselles qu'attirât la beauté de ma voix » (Rousseau ).
Se fatiguer (en parlant). « Pourquoi m'époumonerais-je à dissiper un doute que vous n'avez pas ? » (Diderot).

époumoner (s')
v. Pron. Crier à tue-tête jusqu'à s'essouffler.

⇒ÉPOUMON(N)ER, (ÉPOUMONER, ÉPOUMONNER)verbe trans.
A.— Emploi trans., rare. [Le suj. désigne une activité requérant un effort vocal et respiratoire] Fatiguer en faisant perdre le souffle. Synon. essouffler. Cette lecture m'a époumoné (Ac. 1835, 1878).
B.— Emploi pronom. Se fatiguer (à faire quelque chose) jusqu'à perdre le souffle. Il s'époumonne à crier, à hurler. Synon. s'essouffler. Criez! Hurlez! Époumonnez-vous, stupides créatures! dit Paganel (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 156). Il avait beau s'époumoner à dire des énormités : ils affectaient de ne pas entendre (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1351). Surgirent alors les musiciens, vêtus de vestes aux couleurs vives et s'époumonant dans des cuivres enrubannés (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1679).
P. métaph. L'Aquilon s'époumonne et l'Autan se harasse (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 325).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé en emploi adj. Qui a perdu le souffle. Comme une poussée d'eau sale, la foule battait la cahute sur laquelle, époumonné, rouge, suant, éperdu, Marseille vociférait sans relâche (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 78). b) Le dér. époumonement, subst. masc. Synon. de essoufflement. P. métaph. L'acharnement de l'écume, l'usure imperceptible du rocher, l'époumonement insensé des quatre vents (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 275).
Prononc. et Orth. :[], (je m')époumon(n)e []. Ds Ac. 1762 avec 2 n (cf. aussi LAND. 1834, GATTEL 1841). Ds Ac. 1798-1932 avec 1 n (cf. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, NOD. 1844, BESCH. 1845, LITTRÉ, DG, DUB., Pt ROB., Lar. Lang. fr.). LITTRÉ relève l'incohérence de Ac. qui supprime 1 n à époumoner mais conserve 2 n à occasionner. D'apr. la règle pratique proposée par THIM. Princ. 1967, p. 72 : dans la finale -on, on double n devant e : époumonner. Le part. prés. s'aligne sur l'inf. : époumonnant (cf. famille de son s.v. dissonnance). Étymol. et Hist. 1725 s'époûmoner « se fatiguer les poumons à force de crier, de parler » (N. R. DE GRANDVAL, Cartouche, 95). Dér. de poumon; préf. é-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :38. Bbg. ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 232. — QUEM. DDL t. 10.

époumoner (s') [epumɔne] v. pron.
ÉTYM. 1725, Grandval, Cartouche, p. 95; de é-, poumon, et suff. verbal.
Parler, crier très fort jusqu'à s'essouffler. || Ce n'est pas la peine de t'époumoner. Crier, hurler.
1 Je n'osais entrer dans le château ni heurter, car j'étais fort timide, mais je chantais sous la fenêtre qui avait le plus d'apparence, fort surpris, après m'être longtemps époumoné, de ne voir paraître ni dames ni demoiselles qu'attirât la beauté de ma voix (…)
Rousseau, les Confessions, II.
S'époumoner à (et inf. désignant un acte de parole) : se fatiguer à (exprimer en criant). || Je me suis époumoné à le lui expliquer; peine perdue.
Par métaphore. || « L'aquilon (cit. 4) s'époumone », souffle très fort.
2 Pourquoi m'époumonerais-je à dissiper un doute que vous n'avez pas ?
Diderot, Opinions des anciens philosophes (Pyrrhon), in Littré.
——————
époumoné, ée p. p. adj.
Essoufflé (notamment pour avoir parlé, crié).
3 Il ne faut pas trop demander aux hommes ! Quand ils ont combattu pour la justice, une fois dans leur vie, ils sont époumonés.
R. Rolland, l'Âme enchantée, I, Annette et Sylvie, p. 175.
4 Des Cigales époumoné regarde le plafond avec exaltation; il a l'air parti.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 24.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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